/

Le taux d'infection par le VIH

  • Session : 2014-2015
  • Année : 2014
  • N° : 156 (2014-2015) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/12/2014
    • de DEFRANG-FIRKET Virginie
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    L’Institut scientifique de santé publique (ISP) a récemment salué la forte diminution en 2013 du nombre de diagnostics par VIH par rapport à 2012.

    Cependant, l’ISP tempère l’enthousiasme en expliquant que cette diminution statistique concerne essentiellement les personnes d’origine subsaharienne – groupe présentant les plus hauts niveaux de contamination avec les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Or cette diminution pourrait s’expliquer par une diminution du nombre de migrants ou par recul des tests diagnostiques dans cette population.

    De plus, au sujet de la population belge, le recul par rapport à 2012 n’est « que » de 6 % ; ce qui représente une hausse de 4 % par rapport à 2011. 3,1 infections supplémentaires par jour sont recensées en Belgique.

    Quelles actions sont entreprises pour lutter contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) au sein des deux populations prioritaires mentionnées ci-dessus ?

    Selon la plateforme prévention sida, le port du préservatif chez les jeunes est insuffisant. Les injecteurs de drogue sont également une population fortement à risque. Quels types de mesures préventives sont mises en place par le Gouvernement auprès de ces populations ?

    De manière générale, comment la prévention et la prise en charge de ces maladies est-elle organisée au niveau wallon ?

    En ce qui concerne l’accès aux structures de dépistage, la plateforme prévention sida estime l’offre trop faible. Combien de structures de dépistage existent en Wallonie ? Des campagnes de sensibilisation et de promotion du dépistage du sida vont-elles être organisées ?
  • Réponse du 24/12/2014
    • de PREVOT Maxime

    La question de l'honorable membre qui fait suite à la publication par l’Institut scientifique de Santé publique (ISP) de son rapport annuel VIH/SIDA qui dresse le bilan épidémiologique annuel de la situation au 31 décembre 2013 en Belgique et dans les 3 Régions.

    Au préalable, je me dois de préciser qu’en Belgique, l’épidémie de VIH touche principalement deux populations : d’une part, les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, essentiellement de nationalité belge ou d’une autre nationalité européenne et, d’autre part, les femmes et les hommes provenant principalement de pays d’Afrique subsaharienne qui ont contracté le virus lors de rapports hétérosexuels.

    Il n’est pas inutile non plus de rappeler les précautions d’usage à la lecture d’un tel rapport épidémiologique. L'honorable membre a raison de rappeler que des variations d’une année à l’autre sont peut-être le reflet de variations conjoncturelles.

    Je ne vais pas commenter ici tous les chapitres du rapport. Néanmoins, l’ISP souligne certaines observations que je souhaite relever :
    * En 2013, en Belgique, 93 nouveaux diagnostics de malades du sida ont été rapportés (incidence corrigée pour les délais de notification) et depuis le début de l’épidémie, un total cumulé de 4.460 cas ont été rapportés depuis 1985.
    * La transmission du VIH chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) est en augmentation considérable sur la période de ces 15 dernières années. En 2013, on a observé dans ce groupe une augmentation importante de personnes non belges, mais d’origine européenne et une légère diminution de personnes de nationalité belge. C’est dans les catégories d’âge des plus jeunes (15-34 ans) que ceci est principalement observé.
    * Parmi les personnes d’origine subsaharienne pour lesquelles la contamination rapportée est surtout hétérosexuelle, deux tiers des diagnostics de VIH ont été établis chez des femmes.
    * Alors que le taux de dépistage dans la population générale est un des plus hauts taux d’Europe (basé sur les demandes de tests), on observe que le nombre de diagnostics d’infection au VIH posé tardivement est en augmentation. Et ceci se présente en particulier dans le groupe des HSH.
    * L’utilisation de drogues intraveineuses est rapportée comme source de contamination pour 2,1 % des cas d’infection au VIH.
    * Enfin, le nombre de personnes suivies médicalement est en augmentation : + 4,5 % en 2013 par rapport à 2012, pour un total de 13.941 personnes.
    * Ces trois dernières années, on constate une augmentation significative du pourcentage de diagnostics tardifs chez les HSH (passé de 25 % en 2010 à 40 % en 2013).

    Ces données, parmi d’autres, sont importantes dans le choix des stratégies et des objectifs en matière de santé publique et singulièrement de prévention.

    Comme le sait l'honorable membre, depuis plusieurs années, la Région wallonne agrée et subventionne un réseau de centres de planning familial et un réseau de services spécialisés en assuétudes, dont certains exercent la mission de réduction des risques. Ces services luttent donc au quotidien contre la propagation du VIH. En outre, la Région wallonne a pris part ces dernières années à de multiples projets mis en œuvre par de multiples associations de lutte contre le SIDA, dont : la « Plate-Forme Prévention Sida », l'Association « Collectif des femmes» pour son projet NYAMPINGA, l’ASBL « ICAR Wallonie ».

    En réponse aux risques d'IST, mon département a aussi soutenu le programme de vaccination gratuit contre l'hépatite B développée dans le milieu de la prostitution via l'ASBL « ESPACE p » et également l'ASBL « Entre2Wallonle » dans le cadre d'un projet de permanence mobile juridique et médicale.

    De plus, et pour rappel, dans le cadre du transfert des compétences inhérentes à la ixième réforme de l’État, la prévention est devenue une compétence de la Wallonie, compétence qui restera néanmoins partagée avec la Communauté française Wallonie-Bruxelles, pour ce qui touche à l’enfance. Actuellement, ce secteur fait l’objet d’une période de transition pendant laquelle l’administration communautaire continuera à gérer administrativement les dossiers relatifs à cette matière, et pendant laquelle le Conseil Supérieur de Promotion de la Santé demeure l’organe d’avis en matière de promotion de la santé. D’autre part, la Plate-forme Prévention Sida et le réseau des Stratégies concertées de prévention des IST/SIDA restent actifs en ces matières. La quasi-totalité des acteurs de terrains s’y retrouve et a constitué le Comité de pilotage et d’appui méthodologique (CPAM). La pertinence de campagnes régionales d’information – au-delà de ce qui existe déjà- devra être analysée conjointement avec la CFWB, le Conseil supérieur de Promotion de la Santé, et les acteurs de terrain, tant dans les domaines préventifs que curatifs.

    Dans leur tout récent plaidoyer, les « Stratégies concertées » et le CPAM ont identifié, à partir des besoins, un certain nombre de priorités basées sur des recommandations internationales et sur le Plan national VIH 2014-2019. Parmi celles-ci, je note la prévention combinée qui associe promotion du préservatif-dépistage-traitement, dépistage plus précoce, accès aux soins des personnes vivant avec le VIH et connaissances sur les déterminants de l’épidémie.

    Bien entendu, pour ce qui est des plus jeunes, la promotion de l’utilisation du préservatif doit se poursuivre, mais doit entrer dans le cadre plus général du programme d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS).

    Nous disposons actuellement de traitements très efficaces qui permettent aux personnes infectées par le virus du VIH d’avoir une très bonne espérance de vie en bonne santé à condition qu’elles soient traitées le plus précocement possible.

    Il est donc justifié que tout soit fait pour que les personnes susceptibles d’avoir été infectées puissent être dépistées et traitées au plus vite. À ce titre, la question de la décentralisation du test et de sa démédicalisation (qui reste de compétence fédérale) doit être mise à l’agenda en concertation avec les autres entités fédérées.

    Différentes expériences pilotes de dépistage décentralisé et de traitements précoces sont actuellement menées afin de déterminer les stratégies de dépistages les plus efficientes.

    Les premiers résultats de ces expériences-pilote semblent montrer que les publics les plus à risques acceptent plus volontiers de se faire dépister lorsqu’ils trouvent des lieux de dépistage à proximité de leurs lieux de vie. Si cela se confirme, je ferai examiner la mesure adéquate à prendre.

    Il existe actuellement en Wallonie des centres de dépistage dans les grandes villes telles que Liège, Namur, Charleroi et Mons. Il faudra mettre cela au regard des autres enseignements des expériences-pilotes.

    J’étudierai, dans les mois à venir, tant avec le secteur de prévention du VIH qu’avec les collègues des autres niveaux de pouvoir, les mesures adéquates.

    Une première rencontre avec les représentants du secteur de la lutte contre le SIDA a déjà été tenue tout récemment au sein de mon Cabinet.

    Nous devons maintenant, en étroite collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région bruxelloise, voir comment nous pouvons décliner le Plan national VIH 2014-2019 en Plan d’action Wallon et Bruxellois.

    Il va de soi que la lutte contre le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles restera pour moi une priorité.